Tout savoir sur l’abattement de 40% sur les dividendes

Tout savoir sur l'abattement de 40% sur les dividendes

L’abattement de 40% sur les dividendes : Un outil incontournable pour optimiser la fiscalité de vos dividendes

L’abattement de 40% sur les dividendes représente une arme puissante pour les contribuables français qui perçoivent des revenus de capitaux mobiliers sous forme de dividendes. Instauré pour éviter une double imposition économique, ce mécanisme permet d’exclure quarante pourcent du montant brut de ces revenus de la base imposable à l’impôt sur le revenu, sous certaines conditions.

Cet abattement est réservé aux personnes physiques résidentes fiscales françaises. Il s’applique uniquement si ces dernières optent pour le barème progressif de l’impôt sur le revenu, en renonçant à l’imposition forfaitaire unique de 30 %, aussi appelée flat tax ou PFU.

Ce dispositif s’adresse en particulier aux investisseurs de long terme, aux associés de sociétés, ainsi qu’à toute personne percevant des dividendes réguliers et souhaitant optimiser son imposition en adaptant sa stratégie fiscale à son profil de revenu.

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Origine et justification de l’abattement de 40 % des dividendes

Réduire la double taxation des dividendes

En France, les dividendes sont des revenus issus de bénéfices que les sociétés ont déjà soumis à l’impôt sur les sociétés (IS). Lorsqu’ils sont redistribués aux actionnaires, ces mêmes montants deviennent imposables au titre de l’impôt sur le revenu, ce qui constitue une forme de double imposition.

Pour remédier à cette situation, le législateur a instauré un abattement de 40 %, reconnu à travers l’article 158 du Code général des impôts. Ce dernier considère que cette proportion correspond à la part déjà fiscalisée au niveau de la société distributrice. En conséquence, seulement 60 % du montant brut perçu est soumis à l’impôt sur le revenu, si et seulement si l’investisseur opte pour le barème progressif et en fait la demande expresse dans sa déclaration annuelle.

Conditions requises pour bénéficier de l’abattement de 40% des dividendes

Profil du bénéficiaire

L’abattement ne s’adresse qu’aux personnes physiques, à l’exclusion des sociétés et personnes morales. Le bénéficiaire doit être fiscalement domicilié en France, selon les critères définis à l’article 4 B du CGI. Cela implique que son foyer, son centre des intérêts économiques ou la durée de présence sur le territoire dépassent un certain seuil annuel.

Il est important de souligner que l’abattement ne s’applique pas automatiquement. Le contribuable doit cocher la case 2OP de sa déclaration pour renoncer au prélèvement forfaitaire unique et activer l’option du barème progressif. Cette démarche est cruciale : en son absence, l’administration fiscale appliquera par défaut la flat tax, privant ainsi le contribuable de l’abattement.

Caractéristiques de la société distributrice

Seules certaines sociétés permettent aux dividendes qu’elles versent d’ouvrir droit à l’abattement. La société doit :

  • Être soumise de plein droit à l’impôt sur les sociétés, ou y avoir opté volontairement.
  • Avoir son siège en France, dans l’Union européenne, ou dans un État ayant signé une convention fiscale avec la France.
  • Avoir procédé à une distribution régulière, décidée en assemblée générale ou par les organes compétents.

Par ailleurs, les sociétés implantées dans des États ou territoires non coopératifs (ETNC) sont exclues du bénéfice de cette disposition. Il en va de même pour les entités exonérées d’impôt sur leurs bénéfices, comme certaines sociétés d’investissement ou fonds collectifs.

Types de revenus éligibles à l’abattement de 40% des dividendes

Dividendes et revenus distribués concernés

Le champ d’application de l’abattement est limité aux revenus qualifiés fiscalement de dividendes. Il s’agit notamment :

  • Des dividendes versés à la suite d’une décision d’assemblée générale.
  • Des acomptes sur dividendes régulièrement votés.
  • Des distributions exceptionnelles de réserves.

Ces revenus doivent provenir de bénéfices réellement distribuables, autrement dit issus d’un excédent de trésorerie légitime, déclaré et imposé au niveau de la société distributrice. Le respect de cette exigence conditionne l’application de l’abattement.

Revenus exclus du dispositif

Certains revenus, bien que perçus dans un contexte proche, ne sont pas éligibles à l’abattement de 40 %. C’est le cas des :

  • Boni de liquidation, assimilés fiscalement à des plus-values.
  • Intérêts de comptes courants d’associés, considérés comme des produits de créances.
  • Rémunérations occultes ou non déductibles, visées par l’article 111 du CGI.
  • Sommes allouées au titre d’avances, prêts ou distributions irrégulières.

Le critère central est la qualification fiscale du revenu : s’il ne s’agit pas d’un dividende au sens strict, alors l’abattement ne s’applique pas.

Pour les autres sources de revenus du capital, comme les plus-values, découvrez les règles d’imposition sur la vente d’actions.

Prélèvements sociaux et fiscalité globale des dividendes

Les prélèvements sociaux restent dus sur le brut

Bien que l’abattement réduise la base imposable à l’impôt sur le revenu, les prélèvements sociaux s’appliquent toujours sur le montant brut des dividendes. Depuis 2018, leur taux est fixé à 17,2 %, composé de la Contribution Sociale Généralisée (CSG), de la CRDS, et du prélèvement de solidarité.

La CSG représente à elle seule 9,2 %, et a la particularité d’être partiellement déductible du revenu imposable à hauteur de 6,8 %. Cette déduction s’applique l’année suivante, dans votre déclaration d’impôt, et peut permettre de réduire l’assiette de votre revenu global, surtout si vous percevez d’autres types de revenus.

Les autres composantes des prélèvements sociaux — 0,5 % pour la CRDS et 7,5 % pour le prélèvement de solidarité — ne sont ni déductibles, ni restituables.

Exemple concret de calcul

Prenons l’exemple d’un contribuable percevant 15 000 € de dividendes :

  • Le montant brut perçu est de 15 000 €.
  • L’abattement de 40 % réduit la base imposable à 9 000 €.
  • Si le contribuable est dans la TMI à 11 %, l’impôt à payer est de 990 €.
  • Les prélèvements sociaux dus sur les 15 000 € s’élèvent à 2 580 €.
  • La CSG déductible (15 000 x 6,8 %) correspond à 1 020 €, imputée sur le revenu de l’année suivante.

Ce calcul démontre l’intérêt d’opter pour le barème progressif dans les tranches basses, même en tenant compte des prélèvements sociaux.

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Déclaration des dividendes avec l’abattement de 40 %

Étapes à suivre dans la déclaration d’impôt

Déclarer ses dividendes avec abattement nécessite de bien maîtriser les formalités administratives. L’administration ne l’applique pas par défaut, d’où l’importance de bien cocher les bonnes cases dans votre déclaration annuelle.

Il faut tout d’abord reporter le montant brut des dividendes perçus en case 2DC de la déclaration de revenus (formulaire 2042). Ensuite, il est essentiel de cocher la case 2OP pour activer l’option du barème progressif et donc permettre l’application de l’abattement de 40 %. Cette case doit être cochée pour tous les revenus de capitaux mobiliers de l’année concernée.

Si vous avez engagé des frais relatifs à la gestion de votre portefeuille, tels que des droits de garde, frais de courtage ou abonnements à des revues financières, ils doivent être déclarés dans la case 2CA. Ces frais sont alors déduits après l’application de l’abattement.

Enfin, il convient de ne pas oublier de reporter le montant de la CSG déductible en case 6DE. Cela vous permettra d’obtenir une déduction sur votre revenu global imposable de l’année suivante.

Comparaison entre PFU et barème progressif avec abattement

Deux régimes d’imposition aux logiques opposées

L’option pour le prélèvement forfaitaire unique ou le barème progressif constitue une décision fiscale stratégique. Le PFU applique un taux forfaitaire de 30 % (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux), sans tenir compte de la situation personnelle du contribuable. Il est simple, automatique, et peut convenir aux contribuables dont la tranche marginale est élevée (30 %, 41 %, 45 %).

En revanche, le barème progressif, associé à l’abattement de 40 %, peut offrir un avantage net aux contribuables situés dans les tranches inférieures. En particulier, pour les foyers fiscaux faiblement imposés ou non imposables, l’impôt dû peut devenir nul, et les prélèvements obligatoires prélevés en amont sont alors intégralement restitués.

Le barème offre aussi la possibilité de déduire des frais réels et une partie de la CSG, ce que ne permet pas le PFU. Toutefois, il implique une certaine complexité administrative et une analyse préalable plus poussée.

Pour aller plus loin, découvrez notre analyse complète du choix entre PFU et barème progressif, appliquée aussi bien aux dividendes qu’aux plus-values.

Stratégies d’optimisation et arbitrages patrimoniaux

Choisir le bon régime selon son profil fiscal

Le choix entre PFU et barème progressif doit être réalisé chaque année, en tenant compte de votre niveau de revenu, de vos autres sources de capital, et de vos objectifs patrimoniaux. Les contribuables dans les tranches à 0 % ou 11 % ont tout intérêt à renoncer au PFU pour bénéficier de l’abattement et récupérer une partie des prélèvements.

Il est également utile de répartir ses revenus de dividendes entre plusieurs années, pour rester dans les tranches basses, ou d’investir via un compte-titres ordinaire plutôt qu’un PEA si l’on souhaite profiter de l’abattement.

Articuler abattement et enveloppes fiscales

L’abattement de 40 % ne s’applique pas aux dividendes perçus dans un PEA ou dans une assurance-vie. Ces produits bénéficient déjà de leur propre régime fiscal, avec exonération après 5 ou 8 ans. Pour un investisseur diversifié, l’idéal est d’utiliser chaque support à bon escient :

  • Compte-titres : pour profiter de l’abattement et des stratégies de défiscalisation à court terme.
  • PEA : pour faire croître un capital à moyen/long terme sans impôt.
  • Assurance-vie : pour optimiser la transmission ou diversifier les sources de revenu passif.

Cas particuliers à connaître pour l’abattement de 40% sur les dividendes

Usufruit, démembrement et quasi-usufruit

Lorsque la propriété des titres est démembrée, c’est-à-dire partagée entre un usufruitier et un nu-propriétaire, seul le titulaire de l’usufruit est en droit de percevoir les dividendes. En conséquence, c’est lui qui est imposé et qui peut bénéficier de l’abattement de 40 %, à condition bien entendu d’avoir opté pour le barème progressif de l’impôt sur le revenu.

Cette situation peut devenir complexe si les revenus sont perçus dans le cadre d’un quasi-usufruit (réemploi du capital dans le patrimoine personnel), car elle soulève des risques de requalification fiscale. Dans certains cas, le nu-propriétaire peut être imposé si l’administration juge qu’il y a eu abus de droit ou dissimulation d’un avantage patrimonial. Il est donc important de bien formaliser ce type de montage et de s’entourer de conseils spécialisés.

Revenus issus de sociétés étrangères

Les dividendes versés par une société étrangère peuvent, sous conditions, bénéficier de l’abattement. Pour cela, la société doit être soumise à un impôt équivalent à l’IS, avoir son siège dans un État membre de l’Union européenne ou dans un pays ayant conclu une convention d’assistance administrative et fiscale avec la France.

Le contribuable doit également pouvoir démontrer que la distribution est régulière au sens du droit fiscal français. Cela peut nécessiter la production d’un procès-verbal d’assemblée générale ou d’un document juridique équivalent, établi selon les règles de droit du pays concerné. En l’absence de telles pièces, l’administration fiscale peut refuser l’application de l’abattement, même si l’impôt étranger a bien été acquitté.

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Simulation chiffrée d’un cas typique

Pour illustrer concrètement l’intérêt de l’abattement, prenons l’exemple de deux contribuables percevant chacun 20 000 € de dividendes bruts.

Contribuable A – PFU

  • Imposition à 12,8 % : 2 560 €
  • Prélèvements sociaux : 3 440 €
  • Total prélevé : 6 000 €
  • Dividende net après impôt : 14 000 €

Contribuable B – Barème progressif avec abattement (TMI à 11 %)

    • Abattement de 40 % : 8 000 €
    • Base imposable : 12 000 €
    • IR : 1 320 €
    • Prélèvements sociaux : 3 440 €
    • Total : 4 760 €
    • Dividende net : 15 240 €

Résultat : un gain de 1 240 € en faveur du barème progressif, grâce à l’abattement.

Dans certains cas, la différence peut être encore plus marquée si le contribuable a peu d’autres revenus, ou si la CSG déductible lui permet de réduire son impôt sur d’autres catégories de revenu l’année suivante.

L’abattement de 40 % sur les dividendes: un atout fiscal à exploiter avec stratégie

En conclusion, l’abattement de 40 % sur les dividendes représente un levier fiscal puissant pour les contribuables français percevant des revenus de capital. Il permet de réduire significativement l’assiette de l’impôt sur le revenu, à condition de faire les bons choix en matière d’imposition et de déclaration.

Loin d’être un simple dispositif technique, il s’intègre pleinement dans une stratégie patrimoniale réfléchie. Bien utilisé, il peut transformer une charge fiscale en opportunité d’optimisation, surtout pour les contribuables dans les tranches inférieures du barème progressif.

Mais ce levier fiscal exige aussi rigueur et maîtrise : respect des conditions, analyse comparative annuelle, bonne articulation avec d’autres enveloppes fiscales, comme le PEA ou l’assurance-vie. Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, il est recommandé de se faire accompagner par un conseiller en gestion de patrimoine ou un expert-comptable.

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FAQ

C’est une disposition fiscale qui réduit la base imposable des dividendes perçus par les particuliers lorsqu’ils optent pour le barème progressif de l’impôt sur le revenu. Elle consiste à exclure 40 % du montant brut des dividendes du calcul de l’impôt.

Le contribuable doit être une personne physique résidente fiscale française. La société distributrice doit être soumise à l’IS, la distribution doit être régulière, et l’option pour le barème progressif doit avoir été exercée dans la déclaration d’impôt annuelle.

Sont exclus notamment les intérêts de comptes courants, les bonis de liquidation, les revenus perçus dans un PEA, ainsi que ceux issus de sociétés situées dans un État non coopératif fiscalement.

Il faut inscrire les dividendes en case 2DC, cocher la case 2OP pour activer le barème, et reporter la CSG déductible en case 6DE. En cas de frais réels, ceux-ci peuvent être renseignés en case 2CA.

Oui, sous certaines conditions. Si la retenue à la source étrangère est inférieure ou égale à l’impôt théorique en France, un crédit d’impôt peut être appliqué en complément de l’abattement.

Non, seuls les dividendes effectivement perçus par le contribuable sont concernés. En cas de réinvestissement automatique (notamment via certains fonds), il peut y avoir des subtilités déclaratives.