Régime mère fille dividende :
maîtriser l’exonération fiscale entre sociétés
Le régime mère fille dividende est une disposition fiscale incontournable pour toute société détenant une participation dans une filiale. En permettant une exonération quasi totale des dividendes reçus, ce régime fiscal favorise la circulation des bénéfices au sein d’un groupe de sociétés tout en évitant la double imposition.
Mais ce mécanisme, bien que simple dans son principe, obéit à des conditions strictes fixées par le CGI (Code général des impôts). Cet article vous propose un panorama complet : définition, fonctionnement, obligations, et cas pratiques. Il s’adresse aux dirigeants, investisseurs, et comptables cherchant à optimiser la fiscalité de leur entreprise.

Qu’est-ce que le régime mère fille ?
Un régime pour éviter la double imposition
Le régime mère fille permet à une société mère de soumettre à l’impôt uniquement une fraction des dividendes qu’elle perçoit de sa filiale. En effet, les bénéfices d’une filiale étant déjà imposables, les redistribuer sans régime adapté entraînerait une imposition en cascade.
Ce dispositif prévoit une exonération de 95 % des dividendes perçus par la mère, avec une réintégration forfaitaire de 5 % au titre des frais et charges.
Objectif du dispositif
L’objectif du régime est double :
- Éviter une double taxation entre sociétés liées.
- Favoriser les restructurations de groupes sous forme de holding.
Conditions d’application du régime mère fille
Les sociétés concernées
Peu importe la forme juridique, peuvent bénéficier du régime :
- Les SAS, SA, SARL soumises à l’impôt sur les sociétés.
- Les sociétés étrangères résidentes fiscales d’un État ayant un droit fiscal comparable à celui en France.
Les conditions essentielles à respecter
Pour que l’application du régime soit valide, les critères suivants doivent être cumulativement remplis :
- Participation minimale : la société mère doit détenir au moins 5 % du capital de la fille.
- Durée de détention : les titres doivent être conservés au moins 2 ans.
- Nature des titres : ils doivent être nominatifs ou conservés chez un intermédiaire agréé.
- Soumission à l’IS : les deux sociétés doivent être soumises à un impôt équivalent à l’impôt sur les sociétés.
Fonctionnement du régime mère fille dividende
Traitement fiscal des dividendes
Lorsqu’une société mère perçoit un dividende, elle doit :
- Intégrer la totalité dans son résultat comptable.
- Déduire fiscalement le dividende dans sa liasse.
- Réintégrer une quote-part de 5 % dans son résultat imposable, différente de l’abattement de 40 % sur dividendes applicable aux particuliers.
Par exemple, si la société perçoit 200 000 € :
- 190 000 € seront exonérés.
- 10 000 € seront imposables à l’IS, soit environ 2 500 € d’impôt à un taux de 25 %.
Le cas de l’intégration fiscale
Lorsqu’un groupe est soumis à l’intégration fiscale, la quote-part imposable descend à 1 %, rendant l’imposition quasi nulle.
Régime mère fille et montage juridique : attention aux erreurs
Les erreurs les plus fréquentes
Même si les conditions peuvent sembler claires, de nombreuses erreurs mettent en péril le régime :
- Oublier de soumettre l’option chaque année.
- Ne pas atteindre ou maintenir le seuil de 5 % de capital.
- Vendre les titres avant le délai de détention.
Le risque d’abus de droit fiscal
L’administration fiscale veille à éviter les montages artificiels. Si une structure mère fille est montée uniquement pour profiter de l’exonération, sans justification économique, elle peut être requalifiée.
Pour éviter cela, il est essentiel de :
- Justifier l’utilité économique du montage.
- Documenter toutes les décisions de groupe.
- Maintenir une gestion active des filiales.
Exemples pratiques de régime mère fille
Cas d’une holding familiale
Une holding détient 10 % d’une filiale et reçoit chaque année 100 000 € de dividendes.
Grâce au régime :
- 95 000 € sont exonérés.
- 5 000 € sont réintégrés dans le résultat imposable.
Résultat : une économie fiscale de plus de 20 000 € par an.
Cas d’une PME à deux filiales
Une PME crée deux filiales opérationnelles. Elle détient 51 % dans chacune, et chaque fille remonte 50 000 €.
La société mère centralise les flux, soumet à l’IS seulement 2 500 € (soit 5 % des 100 000 €), réduisant sa charge fiscale au strict minimum.

Qu’est-ce qu’une SAS dans le régime mère fille ?
Avantages de la SAS pour une société mère
La SAS est plébiscitée pour sa souplesse de gouvernance. Elle peut facilement accueillir des filiales, même étrangères, et permet une répartition flexible des droits de vote et du capital.
Elle est également :
- Idéale pour monter une holding animatrice.
- Adaptée pour gérer plusieurs filiales via un même véhicule.
Régime mère fille et fiscalité des plus-values
Vente des titres de participation
Les titres qui ont été détenus plus de 2 ans peuvent bénéficier d’une exonération des plus-values, avec une quote-part de 12 % imposable.
Cela incite à conserver les titres à long terme et à structurer les cessions avec précaution.
Pour aller plus loin, découvrez notre analyse complète du choix entre PFU et barème progressif, appliquée aussi bien aux dividendes qu’aux plus-values.
Comment créer une structure mère fille sans risques fiscaux
Pour créer un montage efficace et sécurisé :
- Vérifiez les conditions de participation dès la constitution.
- Préparez une documentation juridique solide.
- Soumettez correctement l’option chaque année.
- Tenez une comptabilité séparée et justifiée.
- Appuyez-vous sur un conseil fiscal expérimenté.
Régime mère fille dividende : approfondissement et cas stratégiques
Pourquoi structurer un groupe via le régime mère fille ?
Mettre en place une structure mère-fille via une holding permet à une société de piloter ses participations tout en bénéficiant d’avantages fiscaux et organisationnels importants. Cette structuration est particulièrement pertinente dans les cas suivants :
- Centralisation des résultats : les flux financiers sont mieux maîtrisés et mutualisés.
- Distribution de dividendes allégée : la société mère redistribue selon sa propre stratégie.
- Valorisation du capital : la holding peut plus facilement céder ou restructurer ses titres.
Ce montage est aussi utilisé en prévision d’une transmission d’entreprise ou de la cession d’une branche d’activité.
Utilisation en phase de croissance externe
Les entreprises en développement utilisent souvent ce régime pour intégrer de nouvelles filiales. Cela leur permet :
- De remonter les produits financiers générés par l’activité sans alourdir la charge fiscale.
- D’optimiser le taux de distribution des dividendes.
- D’éviter que les bénéfices soient imposables plusieurs fois au sein du groupe.
Zoom sur les erreurs fiscales à éviter dans l’application du régime
Erreurs formelles : un piège courant
Les erreurs de forme sont les plus fréquentes dans l’application du régime mère fille. Les plus critiques sont :
- Ne pas soumettre l’option dans la liasse fiscale.
- Ne pas documenter la durée de détention des titres.
- Utiliser des titres au porteur, non éligibles à l’exonération.
Un oubli ou une déclaration mal rédigée peut suffire à remettre en cause l’intégralité du dispositif, avec des conséquences financières lourdes.
Montages artificiels et abus de droit
Créer une filiale sans réelle substance, ou verser des dividendes sans logique économique peut être considéré comme un abus de droit. L’administration examine les montages en s’appuyant sur la cohérence :
- Les titres sont-ils utiles à l’activité ?
- La société mère intervient-elle réellement dans la gestion ?
- Existe-t-il des échanges effectifs entre entités du groupe ?
L’absence de substance peut entraîner une réintégration rétroactive des dividendes, majorée d’intérêts de retard et parfois de pénalités.
Cas stratégiques : comment tirer parti du régime mère fille
Cas 1 : Transmission d’entreprise via une holding
Un chef d’entreprise crée une société mère (holding) pour reprendre les titres de sa propre entreprise. Cette structure lui permet :
- D’utiliser les dividendes pour rembourser un prêt d’acquisition.
- De regrouper plusieurs activités dans un même groupe.
- De transmettre son entreprise avec un avantage fiscal majeur.
Dans ce montage, la quote-part de 5 % reste imposable, mais le reste est parfaitement exonéré. C’est l’un des usages les plus courants du régime mère fille.
Cas 2 : Start-up et montée en puissance du capital
Une start-up en croissance rapide décide de créer une holding SAS avant une levée de fonds. Cette stratégie permet :
- De canaliser les dividendes futurs vers un véhicule unique.
- De gérer la dilution du capital tout en conservant un pouvoir de contrôle.
- De préparer l’entrée d’investisseurs, tout en réduisant l’imposition sur les flux entrants.
Ce schéma, souvent conseillé par les cabinets d’expertise, offre une flexibilité exceptionnelle et un fort levier fiscal, notamment lorsqu’il est combiné avec un Pacte Dutreil bien préparé.
Pourquoi le régime mère fille est essentiel pour votre société
Le régime mère fille dividende est une opportunité fiscale incontournable pour toute société détenant une ou plusieurs filiales. En réduisant drastiquement l’impôt sur les dividendes, il permet de fluidifier la trésorerie du groupe, de financer des projets de développement et d’optimiser la structure du capital.
Mais pour en profiter pleinement, il faut :
- Respecter à la lettre les conditions de détention et d’application.
- Éviter les erreurs formelles (omission de déclaration, cession anticipée).
- Anticiper tout contrôle de l’administration avec une documentation complète.
Utilisé avec méthode, ce régime représente un levier puissant d’optimisation fiscale, sans recourir à des montages complexes ou risqués.
Régime mère fille dividende
Non, il faut soumettre l’option chaque année dans la déclaration fiscale.
Essentiellement les dividendes, mais aussi certains produits de liquidation ou de boni.
Vous perdez l’exonération et devez réintégrer les dividendes au résultat imposable.
Oui, une SAS soumise à l’IS est parfaitement éligible.
En moyenne, l’impôt passe de 25 % à 1,25 % (voire 0,25 % en intégration), soit plus de 90 % d’économie.