Taxe Zucman explication : qu’est‑ce que c’est exactement ?

Parmi les mesures fiscales qui suscitent le plus de débats dans la sphère politique et économique française, la taxe Zucman occupe une place de choix. Proposée par l’économiste Gabriel Zucman et soutenue par la gauche, cette taxe vise à imposer les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros à un taux plancher de 2 %. Saluée par plusieurs prix Nobel d’économie, mais farouchement combattue par la droite et le gouvernement, elle cristallise les tensions autour de la question de la justice fiscale.

Malgré le soutien de figures de renom et une forte mobilisation parlementaire, la taxe Zucman peine à franchir les obstacles institutionnels. Rejetée par le Sénat en juin 2025, elle divise profondément les camps politiques, et illustre une fracture idéologique persistante sur la manière d’aborder la redistribution de la richesse dans un contexte économique tendu.

Discuter avec un conseiller

Taxe Zucman explication

Taxe Zucamn explication : Une proposition qui s’attaque à l’injustice fiscale

L’idée de Gabriel Zucman repose sur un constat simple : les ultra-riches paient proportionnellement moins d’impôts que le reste de la population. Grâce à une ingénierie fiscale sophistiquée, certains des foyers les plus fortunés en France réussissent à réduire leur taux effectif d’imposition bien en dessous de celui supporté par des classes moyennes ou supérieures classiques.

Pour corriger cette situation, l’économiste propose une contribution minimale de 2 % sur les fortunes dépassant les 100 millions d’euros. Cette taxe s’appliquerait de manière différentielle : si un contribuable a déjà payé l’équivalent de 2 % de son patrimoine via d’autres prélèvements (impôt sur le revenu, sur la fortune immobilière, cotisations sociales, etc.), il ne serait pas redevable. Dans le cas contraire, il devrait s’acquitter de la différence.

Cette approche a l’avantage de viser directement les effets d’optimisation. En imposant un taux plancher, elle garantit une contribution minimale, sans possibilité d’échapper totalement à l’impôt, quel que soit le mode de détention du patrimoine.

Besoin d’un accompagnement ?

Une cible restreinte, mais hautement symbolique

Selon les dernières données disponibles,environ 1 800 foyers fiscaux seraient concernés par la taxe Zucman. Il s’agit donc d’une minorité extrêmement riche, dont le patrimoine cumulé pèse lourdement dans l’économie française. D’après le magazine Forbes, les milliardaires français détiennent une fortune équivalente à 30 % du produit intérieur brut.

C’est précisément cette concentration extrême de la richesse qui alimente les appels à une réforme en profondeur de l’imposition du capital. Pour la gauche, l’enjeu dépasse la seule fiscalité : il s’agit d’un impératif démocratique et moral, dans une société où les inégalités explosent.

Une reconnaissance internationale inattendue

La taxe Zucman n’est pas seulement débattue en France. En juillet 2025, sept prix Nobel d’économie, dont Esther Duflo, Paul Krugman et Joseph Stiglitz, ont publié une tribune dans Le Monde, saluant cette proposition comme une réponse pertinente à l’évasion fiscale et à la concentration excessive de richesse.

Ils affirment que la France a aujourd’hui l’opportunité de « montrer la voie au reste du monde », en adoptant une mesure simple, équitable et difficile à contourner. Le caractère progressif de cette taxe, exprimée en pourcentage de la fortune nette, en fait une arme fiscale redoutablement efficace, selon eux, contre les pratiques d’évitement.

Taxe Zucman explication : L’opposition du gouvernement et la peur d’un exode fiscal

Mais cet enthousiasme n’est pas partagé par l’exécutif. Le 16 juillet, la porte a été fermée à une intégration de la taxe Zucman dans le budget 2026. Le principal argument ? Le risque de déstabilisation économique.

Selon la sénatrice Sophie Primas, cette taxe forcerait nombre de grands entrepreneurs à vendre des actifs stratégiques pour payer leur dû. Cela poserait un danger pour le tissu économique, l’emploi et l’investissement. Le gouvernement craint également un effet d’exil fiscal, qui pourrait affaiblir l’attractivité de la France pour les capitaux privés.

En parallèle, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a confirmé le maintien en 2026 de la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR), instaurée cette année pour assurer un niveau d’imposition de 20 %. Une mesure déjà significative, mais qui reste très inférieure à ce que propose la taxe Zucman.

Discutez en avec un de nos conseillers

Un rejet net au Sénat, malgré l’adoption à l’Assemblée

Sans surprise, le Sénat – à majorité droite et centre – a rejeté le projet de loi. À 188 voix contre 129, la chambre haute a marqué son opposition à ce qu’elle considère comme une mesure idéologique et contre-productive.

Pour la droite, cette taxe est une illusion. Elle créerait plus de complications qu’elle n’apporterait de recettes. Le président du Sénat, Gérard Larcher, a estimé qu’elle porterait un coup dur aux dynamiques entrepreneuriales du pays.

Une carte politique pour la gauche

Du côté de la gauche, la taxe Zucman est devenue un cheval de bataille. Elle représente l’un des marqueurs idéologiques majeurs dans la négociation du budget 2026. Olivier Faure et Boris Vallaud ont affirmé qu’aucun accord de soutien au gouvernement Lecornu ne serait possible sans prise en compte de cette mesure.

Pour Raphaël Glucksmann, c’est même « la base de tout accord » pour éviter une motion de censure. Dans un contexte de recomposition politique où le Rassemblement national pousse pour une dissolution de l’Assemblée nationale, la gauche entend peser sur l’agenda fiscal.

OPTIMISER SA FISCALITE

Maîtriser les dispositifs fiscaux pour mieux orienter vos choix patrimoniaux

Face à la complexité du système fiscal français, il est souvent difficile d’identifier les dispositifs réellement adaptés à sa situation. Ce guide a été conçu pour vous apporter une lecture claire et structurée des principales niches fiscales.

Téléchargez gratuitement notre guide

Une mesure populaire dans l’opinion publique

Selon plusieurs sondages récents, près de 75 % des Français seraient favorables à cette taxation des ultra-riches. Une popularité qui s’explique par un sentiment d’injustice fiscale persistant, surtout après les réformes de la fiscalité du capital menées ces dernières années (suppression de l’ISF, flat tax sur les dividendes, etc.).

Cette adhésion massive renforce la légitimité politique de la mesure, même si elle reste difficile à concrétiser dans l’état actuel du paysage parlementaire.

Une réforme qui bouscule l’équilibre fiscal français

La taxe Zucman, si elle venait à être adoptée, aurait des conséquences profondes sur la structuration des patrimoines en France. Elle pourrait inciter certains détenteurs de capital à reconfigurer leurs actifs, voire à relocaliser une partie de leur fortune. Mais elle poserait aussi un précédent fort : celui d’un retour de l’impôt de solidarité sous une forme modernisée et ciblée.

Au-delà de ses effets immédiats, cette proposition remet sur la table la question du rapport entre richesse privée et solidarité publique. Elle questionne aussi le rôle des très hauts revenus dans le financement de l’intérêt général, à l’heure où les déficits publics s’accumulent.

Taxe Zucman explication : Une mesure fiscale à la croisée des chemins

Chez Hexa Patrimoine, nous considérons que ce type de réforme mérite une analyse approfondie, car ses implications dépassent le simple cadre fiscal. Elles touchent à la gestion globale du capital, à la transmission du patrimoine et à la stratégie d’imposition sur le long terme. Notre rôle est d’apporter un éclairage précis, fondé sur l’expertise et la connaissance des enjeux économiques, afin d’aider les familles et les investisseurs à anticiper et à s’adapter à ces évolutions.

Il convient toutefois de rappeler que cet article est rédigé à titre purement informatif. Il n’a pas vocation à remplacer un conseil patrimonial ou fiscal personnalisé. Chaque situation étant unique, il est essentiel de se tourner vers un conseiller spécialisé avant toute décision relative à son patrimoine ou à son revenu.

Renseignez vous auprès d’un conseiller